Une salle snoezelen à la maîtrise des hauts de seine qui est hébergée à La SEINE Musicale.
Mais peut on parler de Snoezelen dans l’univers des chorales ?
À quoi peut servir une telle salle dans une maîtrise ?
Premier objectif de la salle snoezelen : la déconcentration
Dans une chorale de 40 ados il y en a toujours 1, 2 ou 3 qui, pour faire dérailler son copain, le bouscule ou lui fait une grimace. Mais il faut continuer à chanter juste.
Nous avons donc mis en place des stimulations qui déconcentrent pour leur apprendre à rester concentré et chanter juste.
Stimulations vibratoires podales en station debout ce qui met en vibration musicale le sol.
Stimulations vibratoires musicales en station debout et dorsale avec la mise en vibration d’un mur.
Mise en vibration musicale d’un lit à eau ce qui permet tout un tas de figures.
La stimulation peut être provoquée par la musique chantée ou au contraire par une musique différente ce qui va déconcentrer le chanteur ….
Les stimulations vestibulaires : chanter juste la tête en bas n’est pas un exercice aisé.
Les stimulations podales en marchant sur des surfaces plus ou moins molles et à des hauteurs différentes, on a même prévu des pièges et des obstacles (barres à placer en travers du chemin, disques podotactiles il faut poser le pied dessus et restituer à la fin du chant sur quelles surfaces j’ai marché etc.).
Deuxième objectif de la salle snoezelen : La concentration
Il s’agit là au contraire d’hyper concentrer le chanteur. Par exemple le faire se concentrer sur les mains du chef d’orchestre.
Pour cette mise en situation nous avons équipé la pièce de lumières noires et le chef d’orchestre de gants blancs. L’effet est parfait, on ne voit que ses mains s’agiter dans tous les sens.
Troisième objectif de la salle snoezelen : Prendre en compte les problèmes de l’adolescence
Les adolescents reçus et qui travaillent dans une maîtrise sont aux prises de mal être, ils se cherchent, ils se développent, leur corps change et toutes ces modifications peuvent entraîner des perturbations.
Ils ont besoin de contenance, de sécurité psycho-corporelle, d’être rassurés, de prendre confiance en eux etc.
La salle a été réalisée pour devenir une sorte de seconde peau qui met ces personnes en sécurité et les aide à lâcher prise.
L’approche Snoezelen, dont les travaux des concepteurs hollandais Ad Verheul et Jan Husselge, ont débuté dans les années 70, est une démarche d’accompagnement individualisée dans l’exploration sensorielle, propice à la proprioception, à la relaxation, à l’apprentissage du respect de soi et d’autrui. Proposée initialement en France à partir des années 90 dans les centres hospitaliers auprès de personnes handicapées sur les plans psychiques et moteurs, cette activité s’est progressivement développée pour le bien-être des personnes âgées et plus récemment dans les crèches, participant de l’éveil des plus petits. Il nous est apparu que ces équipements pouvaient s’inscrire dans le projet de la Maîtrise des Hauts-de-Seine et contribuer à l’épanouissement des 600 petits chanteurs qui forment ses rangs, dans la mesure où ils sont susceptibles de renforcer l’adaptabilité des enfants, clef de voûte de la philosophie de l’institution. L’objectif est de créer un climat sécurisant où les individus sont invités à aiguiser leurs sens et plus généralement à s’approprier l’espace et l’instant présent pour laisser libre cours, dans le relâchement et la confiance, à leur créativité.
Le matériel, dont la Maîtrise des Hauts-de-Seine a fait l’acquisition, a été choisi pour que puissent être menés alternativement dans la salle Thalie, trois types d’ateliers participant du conditionnement que requiert la pratique du chant choral :
– 1/ Activités dites d’affinement de la perception. La priorité est ici portée sur la sollicitation du corps des jeunes chanteurs comme « caisse de résonances ». Le sol et les pans de mur à vibrations rythmiques, ainsi que le lit à eau « musical » favorisant l’enveloppement sonore, constituent le cœur du dispositif. Les enfants entre 5 et 9 ans (émanant des chœurs des apprentis et des préparatoires) en sont les premiers bénéficiaires. Ils sont accueillis par groupe de dix participants, emmenés dans la découverte sensorielle par un intervenant de la Maîtrise, nécessairement musicien. L’amélioration de la posture par la conscientisation du schéma corporel, l’efficience de la respiration, l’abandon des gestes non-contrôlés de nervosité par le relâchement, l’allongement de la durée et la qualité de la concentration, l’acceptation progressive du silence comme préalable à la musique, le goût de la recherche et de l’approfondissement, sont les premiers objectifs sous-tendus par ces séances.
– 2/ Temps de relaxation. Dans le but de favoriser la disponibilité des jeunes à leur expression artistique, la salle multi-sensorielle est rendue accessible aux chanteurs en amont des répétitions pour leur permettre, tel un sas, d’évacuer les tensions éventuelles qu’ils auraient pu accumuler dans les transports ou en réponse aux hautes exigences de leur scolarité et de leurs emplois du temps chargés. Les stimulations douces, notamment les effets lumineux (nuancés, gradués, colorés) invoquant la permanence, les textures suscitant du confort, les accessoires et exercices favorisant l’expérience de la pesanteur, constituent les éléments essentiels au retour à la quiétude. Les jeunes filles de l’Ensemble vocal (14-17 ans) et les chanteurs d’Unikanti (15-25 ans) sont les destinataires prioritaires de ce procédé, encadré par un intervenant de la Maîtrise non nécessairement musicien. Les axes de la communication non-verbale, des équilibres émotionnels, de la motivation et de sa constance, de l’estime de soi, ainsi que le rapport au temps au regard des apprentissages, sont interrogés à travers ce média. Ces « rendez- vous » sont établis sur la base du volontariat et concernent au maximum cinq participants à la fois.
– 3/ « Îlot des aventuriers ». A destination des adolescents de la Maîtrise (10-14 ans) sollicités intensément sur le versant théâtral, ces ateliers d’exploration sensorielle, proposés dans la phase de finalisation du montage d’une production, tendent à élargir l’imaginaire des enfants, éprouver leur mémoire, renforcer leurs réflexes dans le jeu d’acteurs, et à encourager le sentiment d’appartenance à la troupe. Combiné avec les accessoires et les parcours de motricité, la salle se meut en un terrain d’initiatives et d’expression où l’on envisage la prise de rôle. Tandis qu’il chante le texte musical dont il a fait l’apprentissage, l’enfant est « mis à l’épreuve » de ses sens : il doit, tout en gardant contact avec la direction musicale, prendre part à un parcours parallèle, mémoriser des placements, des actions et des situations de jeu en interactions avec ses partenaires. Ces séances sont conduites par les chefs de chœur de la maîtrise.
Conscients du caractère expérimental de notre démarche qui s’inscrit dans l’horizon de l’enseignement artistique français comme une initiative innovante, nous continuerons dans notre recherche quotidienne à bénéficier des conseils et de l’accompagnement délivrés par la Société Pétrarque qui a mené les travaux d’aménagements de la salle. Nous espérons offrir aux enfants handicapés qui chantent d’ores-et-déjà au sein des chœurs de la Maîtrise des Hauts-de-Seine, un lieu privilégié de détente, de découvertes et d’épanouissement personnel. Nous souhaitons en outre que tous les petits chanteurs aient accès à ces ateliers, et infléchissent, par leur appropriation de ce projet, leur devenir. Nos activités dans ce registre débuteront à la saison prochaine (septembre 2018) et ne manqueront pas d’être évaluées.
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